mardi 18 août 2015

7. - Funérailles


Vendredi 7. - Après une bonne nuit peuplée de rêves agréables je vais mettre la couche d'accroche aux panthères. Comme dit si bien Régis avec l'humour qui le caractérise : "L'organisation du festival fait vraiment bien les choses !"... car aujourd'hui il y a des funérailles au village. Tout commence de bonne heure avec des détonations puis beaucoup de musique. Le début de la cérémonie n'a rien de passionnant hormis la famille en blanc et quelques énormes couronnes de fleurs devant la porte de la défunte de 76 ans (nous l'apprendrons plus tard). De toute façon j'ai du boulot sur le mur collectif et l'heure du lunch avance à grands pas. 
En début d'après-midi une pluie diluvienne tombe durant quelques heures que je mets à profit pour dessiner et découper un complément de feux d'artifices pour le panda. La pluie cessant la cérémonie reprend et je ne peux résister à la tentation d'y assister, comme une bonne partie des habitants du village rassemblés le long de la route détrempée. Un artificier en éclaireur ponctue de pétards crépitants les allers et retours en boucle d'une procession ouverte par un orchestre composé d'un trombone, d'une trompette, de deux orgues à bouche et de plusieurs tambours. Suit la famille avec des coiffes blanches, pointes en avant pour les femmes et en arrière pour les hommes. Des sur-pantalons blancs complètent la tenue.






Des brassards sont distribués à l'ouverture de la cérémonie. Un homme en début de cortège porte un arbrisseau. Sur de courts mais trapus bâtons des hommes marchent pliés, ce sont eux qui tirent le corbillard orné d'un dragon. Viennent ensuite des participants de diverses générations portant qui des oriflammes de papier, qui des sortes de lanternes argentées. Les porteurs de couronnes sont suivis par les pleureuses en fin de cortège. Un chien est de la partie... Après trois ou quatre rotations allant du porche de la maison à une table dressée de nourriture le convoi s'ébranle en fanfare et pétarade. Le cortège s'arrête très souvent. L'ambiance est festive mais ce n'est tout de même pas la franche rigolade, ça peut se comprendre...




A la sortie de ce village de montagne ça commence à grimper sérieusement. Des costauds viennent aider les tireurs que je retrouverai prosternés lors de la suite de l'ascension qui s'effectue par des porteurs dans un raidillon aussi sévère que glissant, le tout en musique et déflagrations... Le cadre est exceptionnel avec le relief à l'horizon magiquement éclairé par la lumière rasante d'un soleil déclinant, le ciel est d'un bleu lavé par la pluie !
Je me sens un peu gêné d'être là, l'appareil photo en bandoulière, comme une pièce rapportée... Mais un homme me fait signe de poursuivre, alors ma curiosité l'emporte sur mes scrupules et je continue jusqu'au lieu de sépulture, un caveau de briques enterré dans un champ de maïs.


Je rejoins Régis et Marc tous deux vêtus de rouge, la couleur de la chance et du bonheur, complètement décalée en la circonstance... Régis et moi restons en retrait parmi les musiciens ; Marc finira par être invité à rentrer dans le caveau.



Photo : Marc Baufrère
Compte tenu des rires qui l'accompagnent nous ne saurons jamais si c'est un façon détournée de lui faire comprendre une proximité excessive et déplacée ou bien l'expression une fois de plus d'une extrême gentillesse. Sur cette interrogation je décide de redescendre pour reprendre mes travaux de peinture. Sur le chemin du retour je croise les artificiers, ils sont fins prêts. Régis me raconte la fin des funérailles : tandis que les proches sautent par dessus un feu allumé au milieu de la route avant de rentrer dans la maison pour trinquer, les autres convives mangent dehors des pâtes avec sauce préparées dans d'énormes gamelles. On finit le stock de pétards, au loin les détonations redoublent de plus belle.

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