9. - Citerne

Dimanche 9. - Venir de si loin pour un mur en solo et un collectif ça semble un peu court, surtout après avoir récupéré mes pochoirs. J'ai repéré sur le toit d'une usine désaffectée une citerne qui me tente bien, j'en ai fait part à Lin mais le curateur est frileux, il préfère que nous ayons fini ce qui est en route, or j'ai fini, alors j'insiste un peu et ça marche ! Contacté, le président du village obtient l'accord du proprio, je peux attaquer. Le temps de lui tailler les moustaches et une heure après je suis sur le coup avec une jolie panthère en buste. Régis me propose un film en images séquentielles, tout s'enchaîne à merveille.

Cerise sur le gâteau un monsieur, quand il voit cela, demande à avoir quelque chose sur son mur. Les affaires reprennent, banco pour Omar, Tinho et moi-même, ça fait du boulot pas prévu mais on va gérer ça ! En attendant, chaud-bouillant, je retrouve les ouvriers de l'échafaudage qui tirent un peu la gueule... Fort à propos la copine de Qi Yan passe par là et traduit de l'anglais au chinois mes explications et mes excuses, le public est écroulé de rire au récit de cet échafaudage farceur !

Pas rancuniers les gars me donnent même un coup de main pour poser les derniers feux d'artifice en doré, ça me plaît bien.

Photo : Jo-Yu Lin

Sitôt fini, Régis et moi partons, entre chien et loup, à la découverte du vieux Xucun. Ambiance très différente à celle du passage du dragon. Les habitudes n'ont guère dû changer depuis des siècles, bols fumants, les villageois mangent sur le pas de leur porte à la lumière blafarde d'un vague réverbère. Et toujours ces lanternes dispensant un halo rougeoyant mollement balancé par le vent du soir. Au détour d'une ruelle nous découvrons, près de sa famille, un vieux au sourire béat, une pipe à opium à la main. Nous sommes vraiment au bout du monde !